Premiers modèles et origines conceptuelles
Le concept d’une Terre sphérique remonte aux civilisations anciennes. Les astronomes hellénistiques, tels qu’Eratosthène et Hipparque, ont confirmé la sphéricité de la Terre au IIIe siècle av. J.-C., et ont tenté de créer les premiers globes. Bien que ces créations soient mentionnées dans les textes de l’époque, aucun exemplaire de l’Antiquité ou du Moyen Âge n’a survécu jusqu’à aujourd’hui.
Ces premiers globes, fabriqués à partir de matériaux simples, étaient probablement utilisés pour enseigner la nature sphérique de la Terre et pour illustrer des phénomènes célestes. Leur nature éphémère et les ressources limitées de l’époque expliquent leur disparition au fil des siècles.
Le plus ancien globe terrestre encore existant est l’Erdapfel (« Pomme de Terre »), créé dans les années 1490 par Martin Behaim, un marchand, astronome et géographe allemand. Cette œuvre fut révolutionnaire, non seulement pour sa précision, mais aussi pour la perspective géographique qu’elle offrait à la fin du XVe siècle.
Construit à Nuremberg avec l’aide du peintre Georg Glockendon, l’Erdapfel mesure environ 51 centimètres de diamètre et est fabriqué avec un noyau en papier mâché recouvert de parchemin. Il représente une vision précolombienne du monde, reflétant les limites des connaissances européennes avant les voyages de Christophe Colomb. On y trouve des îles mythiques et une sous-estimation importante de la taille de l’océan Atlantique.
Le voyage et l’influence de Martin Behaim
Les voyages de Martin Behaim ont largement inspiré son travail sur l’Erdapfel. Installé à Lisbonne dans les années 1480, il a vécu au cœur d’une époque de découvertes. Le Portugal, sous la direction de figures comme le Prince Henri le Navigateur, était alors à l’avant-garde de l’exploration. Behaim a interagi avec des explorateurs, des cartographes et des scientifiques, acquérant des connaissances précieuses sur la géographie du monde.
En 1485–1486, Behaim a accompagné l’explorateur portugais Diogo Cão lors d’un voyage sur la côte ouest de l’Afrique. Ces expériences ont enrichi sa compréhension des routes commerciales, de la navigation et des perceptions géographiques de l’époque. À son retour à Nuremberg en 1490, il a synthétisé ses connaissances pour créer l’Erdapfel, une réalisation majeure de la cartographie de la Renaissance.
L’évolution des globes
Avec l’expansion des explorations durant l’Âge des Découvertes, les globes sont devenus de plus en plus sophistiqués. Aux XVIe et XVIIe siècles, des cartographes tels que Gerardus Mercator et Willem Blaeu ont produit des globes intégrant les nouvelles données géographiques issues des explorations. Ces globes terrestres et célestes étaient essentiels à la navigation et à l’enseignement.
Au XVIIIe et XIXe siècles, les avancées dans les matériaux et les techniques d’impression ont rendu les globes plus accessibles. La lithographie a permis leur production en masse, tandis que l’utilisation de bases en métal et en bois a renforcé leur durabilité. Au XXe siècle, les globes sont devenus omniprésents dans les écoles et les foyers, combinant valeur éducative et esthétique.
Aujourd’hui, les globes dépassent leurs usages traditionnels. Les globes numériques et interactifs, tels que Google Earth et les modèles tactiles, offrent des données en temps réel et des expériences immersives. Par ailleurs, les globes anciens restent des objets de collection très prisés, appréciés pour leur valeur historique et artistique.
Dans des domaines spécialisés, les globes se sont également diversifiés pour représenter des corps célestes comme la Lune ou Mars. Ces globes permettent aux scientifiques, aux éducateurs et aux passionnés d’explorer l’univers, soulignant l’importance durable des globes comme outils de découverte.
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